Batagianni Gallery

As a Rose is a Rose is a Rose

Athina Ioannou

March 29, 2022 - May 7, 2022

Image depicting the artwork named As a Rose is a Rose is a Rose 2022.Image depicting the artwork named As a Rose is a Rose is a Rose 2022.Image depicting the artwork named As a Rose is a Rose is a Rose 2022.Image depicting the artwork named Άποψη Χώρου / Point of view.

About the exhibition

Quelques pensées sur l’œuvre de Athina Ioannou.

Le travail de Athina Ioannou est d'une nature profondément classique. Il concentre toutel'attention tant de l'artiste que du spectateur sur la partition de l'espace, de la lumière, dutemps et du rythme, presque avec autant de conséquence qu'une partition musicale, qu’une construction architecturale, un temple grec ou une cathédrale gothique. La relation premièreest sans doute ancrée dans l'éveil de la conscience qui s'institue en même temps que l'espace public et avec lui. Auteur et spectateur se rencontrent de ce fait, au cœur de la Cité. Qu'elle soit Cité de Dieu ou Cité des Hommes, elle n'a d'intime que la conviction de son être public, de son lieu de partage, de son infini dédoublement en la personne de l'autre. Que l'autre soit présent par un effet de rencontre ou par le moyen d'une révélation ceci ne marque qu'une simple modalité du travail de l'artiste et non pas l'essence même de son art qui naît par et avec cet autre pluriel et ouvert.

Que l'œuvre se situe alors, au cœur d'une église ou à l'intérieur d'une friche industrielle ce n'est qu'affaire de typologie. L'homme s’engage avec autant de verve dans la foi de l'invisible que dans la confiance de ses œuvres. L'art en est le témoin privilégié et il tient autant de la rencontre que de la révélation, de la parole que de l'ineffable, du bruissement du monde que du langage structurant. C'est ainsi que la lumière, telle qu'elle se présente dans les œuvres de Athina Ioannou, est l’élément fondateur de la réalité que l'œuvre artistique révèle en même temps qu'elle donne au spectateur le moyen propre à participer au réel: ce qui rend visible et ce qui participe à la vue. La partition de l'espace prend ainsi le double aspect d'une répartition architecturale des alternances du mouvement et de la stase, et d'une partition musicale des rythmes et des durées, des tonalités et des couleurs.

Athina Ioannou est un peintre au sens le plus accompli du terme. Par ses œuvres, elle ne fait que s'inscrire dans la plus solide généalogie du fait pictural qui n'est pas de l'ordre de l'illusion, ni de la mimesis, ni de la représentation, ni de la figure, mais du seul ordre de la présence, que l'altérité, le discernement et la perception de l’artiste, rendent possible au spectateur, et évidente. En aucun cas la peinture ne se limite au simple fait rétinien. Depuis les grottes jusqu'aux Nymphéas de Monet et des mosaïques byzantines et les vitraux gothiques jusqu'aux monochromes de Klein, au dripping de Pollock, aux empreintes de pinceau de Toroni ou aux raclures de couleur de Richter, la peinture est un infini travail de la partition du tout et du rien, de la saisie et de l'insaisissable. Entre la réalité et l'irréalité du monde et des choses le peintre vient d'insérer un moment ou un intervalle qu'il appartient au spectateur de percevoir soit comme une durée temporelle qui laisse le temps d'exister avec le monde environnant, soit comme une mesure spatiale qui donne le lieu qui permet de poser le regard et de voir de l'autre côté des choses.

Diaphanéité ou résonance, la peinture est une transition où les choses se transforment et nous-mêmes avec elles, par cet autre qui se donne au départ comme un simple élément matériel, pour se voir par un rayon de lumière ou par le temps d'un souffle, transformé en une expérience de la présence. Cet infime moment où l'espace s'ouvre autour de nous, où nous pouvons exister collectivement comme humanité en même temps que la nature picturale qui est l’expérience profondément intime de l’individuel, se voit retourné par la peinture comme un gant qui nous découvre collectivement comme partie de l’altérité. La diffusion de la lumière et la concentration du lieu performent ensemble le fait même de la peinture en tant que son existence être par rapport à ce qui est là, au-devant de nous, comme l’expérience croisée entre le site et le lieu. Cette simple existence matérielle d'une construction ou d'un bâtiment, se déplace vers cette unique expérience du moment où, la lumière qui la traverse n'est plus celle qui vient de la fenêtre, mais celle du regard qui a trouvé le moyen par le travail du peintre, de reconnaître le mouvement du monde et des choses dans les plus fines nuances du vivant.

"Inscription du vivant" : zoographie, disaient les anciens pour désigner la peinture. C'est exactement ce qu’Athina Ioannou réussit, signifiant par son œuvre la douceur poétique au moment où elle épouse les rythmes des mouvements et stances de la lumière sur le lieu.

Denys Zacharopoulos

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